« Very Bad Trip SEO » ou vis ma vie de référenceur…
Very Bad Trip SEO ou comment se faire vampiriser par un prospect en 1 seule leçon.
Very Bad Trip SEO, c’est une histoire bien réelle qui montre que parfois, malgré – ou peut-être à cause de – sa bonne volonté, le référenceur réussit à se faire juste phagocyter par un client potentiel (à décliner sans modération sur d’autres corps de métiers).
Une collaboration sur CMS Made Simple
Tout a commencé par une bonne nouvelle : une proposition de collaboration sur un site Web développé sur CMS Made Simple, un CMS que j’utilise pas mal en ce moment.
Projet alléchant, avec mise en place d’un nouveau module à rendre SEO friendly, pour un site qui doit, en théorie, proposer un concept inédit sur le Web, avec beaucoup de contenu de valeur.
Très tentant, donc.
A propos, ceci m’aura une fois de plus montré la puissance des réseaux sociaux, depuis le temps que j’assène cette évidence aux uns et aux autres….
Analyse rapide du contenu en ligne et proposition d’améliorations
Donc après une brève prise de contact, j’analyse consciencieusement le site en ligne, et propose des points d’améliorations qui entreraient – ou non – dans ma prestation.
Les propositions sont axées sur les points suivants :
- Simplification de l’abord du site : but, stratégie
- Amélioration de la navigation et du linking interne
- Design à revoir
- Plan du site, mentions légales, FAQ… à ajouter
- Rendre les pages SEO friendly (rien n’est fait)
- Enrichir l’expérience utilisateur : news, réseaux sociaux…
- Site multilingue : penser à héberger chaque langue sur un domaine dédié
- Petites annonces, interviews…
Finalement, et puisqu’il avait été convenu que tout le développement du site ne serait pas à ma charge (et c’était un souhait de ma part), j’ai eu un peu l’impression de me transformer en agent commercial pour le développeur, chacune de mes idées/propositions étant bien accueillie (et impliquant souvent de nouveaux développements).
L’explication du Duck (image ci-dessus) : L’idée, c’est de redonner vie au Duck, afin qu’il paraisse plus consistant et digne d’intérêt aux yeux des moteurs de recherche.
Devis et changement de politique du site
Là, on commence donc à parler business, et avant même que j’aie pu rédiger un devis en bonne et due forme, j’explique au prospect les tarifs globalement pratiqués…
Le client : (léger blanc dans la conversation)
« ….Ouiiiii, je m’y attendais en fait… »
A partir de là, on assiste à un changement radical de politique sur le site : du site d’un passionné qui cherchait à apporter de l’information de qualité aux internautes, ce site devait devenir avant tout rentable (« c’est qu’il va me coûter cher, hein »).
Il ne proposerait plus qu’une partie de l’information, le reste étant disponible moyennant finance.
Lui : Allez, 30$ par an, c’est rien.
Dans l’univers du tout-gratuit d’Internet, j’ai émis quelques doutes, mais bon… le client est Roi.
Moi : Bon d’accord, mais si vous supprimez une grande partie de votre site, ça ne va pas être bon du tout pour votre référencement, ça…
En plus, vous êtes convaincu que ce que vous proposez est novateur et inédit sur le Net, que cela va forcément attirer de nombreux internautes…
Moi, j’aimerais bien voir un peu le trafic que votre site est susceptible de générer avant de proposer des accès restreints. Qu’en pensez-vous ?
Avez-vous regardé les Google Adsense, ça pourrait peut-être être une bonne idée pour commencer, et puis si le trafic est vraiment tel que vous l’espérez, on pourra changer d’optique par la suite ?
Lui : Non.
Fin de la discussion.
Changement de politique du site : le retour !
Entretemps, je vous passe :
- les débriefs avec le développeur, que ces revirements rendaient nerveux
- et ceux avec la famille du prospect, des fois que je n’aurais vraiment que ça à faire de contacter tout le monde (là, vraiment, je me dis que ma gourditude n’a pas de bornes…)
Et au final, ils partageaient tous mes points de vue.
Donc le prospect : Ah ben tiens, finalement, pourquoi pas des pubs ? Mais quand même, c’est cher une presta SEO.
Moi : Ben c’est du travail…
Lui : Mais en fait, dites-moi plutôt ce qu’il faut que je fasse, et je m’en charge.
Moi : Je ne vais pas vous apprendre un métier en 5 minutes (parce que c’est un métier, hein, il l’avait pô bien compris le pôvre).
Remarque : C’est pas 5 minutes, là, c’est déjà des heures passées sur Skype…
Lui : Ah ? Vous voulez garder vos petits secrets SEO ? Chacun son boulot, c’est un travail d’équipe, d’accord, mais il faut quand même que je comprenne ce que vous faites.
Moi : Ecoutez, j’ai déjà élaboré une analyse, qui a de suite donné lieu à moultes nouveaux dev et remaniements en tous genres… que voulez-vous de plus ?
Maintenant la suite est mon boulot, je regrette, mais mes autres clients pâtissent du temps que je perds à essayer de vous expliquer que le référencement est un vrai métier.
Une morale à cette histoire ?
Et aussi j’oubliais :
Lui : Pas de facture, hein, des dons genre Paypal, ça vous va, hein ?
Bref, du lourd, du très lourd ce projet !
Dommage pour la collaboration avec le développeur qui est tout à fait hors de cause, et a fait un super job tout du long… Mais après ça, j’avais juste envie de pleurer sur ma naïveté et mon obstination à vouloir faire marcher un truc qui tourne pas carré dès le début.
La morale de l’histoire : quand ça veut pas et que ça devient trop chronophage, fuir !
Si vous avez des conseils et/ou des anecdotes à partager, n’hésitez pas…
Quand y’en a plus, y’en a encore !
Allez, une petite dernière, pour la route !
Alors que je pensais sincèrement ne plus en entendre parler, voici que mon prospect favori m’adresse un charmant mail :
Lui : « (…) Vous y avez passé du temps, et je déteste me sentir redevable. Je ne veux pas vous insulter en vous envoyant un chèque (à moins que vous préfériez) et je me demandais si je ne pourrais pas vous faire passer une de mes éditions limitées sur toile (…) elles trouvent toujours une place sur les murs des toilettes ».
Là, j’hésite longuement avant de répondre (mes proches rigolent de plus en plus avec cette histoire).
Puis quand même, je lui indique finalement que mes toilettes me conviennent parfaitement en l’état et, ne souhaitant pas me spécialiser dans la vente d’art moderne, lui communique le nombre d’heures passées en coups de fils s’il souhaite réellement me rémunérer (mais aucune obligation à cela).
Lui : « **** /// !!! **** « [tout le vocabulaire du capitaine Haddock y passe]
Bref, on n’en parle plus, c’était vraiment un Very Bad Trip SEO !
La suite au prochain Duck.
33 Commentaires
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- Un devis SEO ? C'est 100€ pour voir - […] depuis longtemps annoncé un ordre de prix afin d’éloigner les charlatans potentiels (comme Stéphanie me l’avait suggéré en 2011……
c'est le métier qui rentre….
Merci, miss, t'y es ben mignonne…
D’où l'importance de faire signer un engagement (devis, facture d'acompte …) le plus tôt possible, car on sait jamais ce qui peux arriver. J'ai un client qui met la clé sous la porte alors que je suis au milieu de la création de son site ( j'ai tendance a travailler avec les gens de confiance avant la confirmation écrite des documents) heureusement que c'est un connaissance proche, sinon je pouvais oublier mes heures de travail …
Absolument !
J'ai un peu le même souci _ l'activité marche beaucoup grâce au bouche à oreille actuellement _ et ce n'est pas toujours évident de se border sans forcément froisser l'autre en face…
Bref, merci pour ton commentaire, Marco, je me sens (un peu) moins bête…
C'est vrai que le référencement est un job complètement incompris par certaines personnes. De nombreuses fois des clients me demande un tarif pour un réf, puis se rabattent sur le tarif d'un netlinking et finalement ne prennent rien car finalement même se tarif il trouvent ça "cher pour aller se balader sur le net et placer quelques liens".
Pas cool…j'ai aussi eu des prospects un peu concombre dans le même genre (j'ai même raté un contrat au *moment* de la signature, alors que je ferrais le gars depuis 2 mois). Ça ne fait pas longtemps que je suis à mon compte mais j'ai déjà pris pas mal de plomb dans l'aile, maintenant les collectionneurs de devis et autres qui n'ont comme seule ambition que de se faire rêver (et moi de me faire perdre mon temps), je les repère directe. Mon *arme secrète* ? Je réponds une première fois par mail avec une grille tarifaire. Si le prospect me recontacte c'est qu'il est vraiment sérieux, sinon ben au moins j'ai pas perdu mon temps. Ça parait tout simple mais ça fait du prospect qualifié, c'est bien plus facile de signer derrière (je crois bien que j'ai signé tout le monde depuis que j'applique cette méthode, d'ailleurs).
A part ça super sympa ton blog, j'aime bien ta façon d'écrire et ton humour.
Merci pour vos messages @Shelco et @SEO Factory Girl !
@SEO Factory Girl, trop sympa d'avoir partagé l'arme secrète : je vais la tenter, je te dirai si ça marche avec moi !
Et arrête les compliments, je vais rougir (un canard rose, c'est vraiment pas possible)…
Arrivé ici grâce à Stéphanie Factory Girl, je découvre ce blog SEO avec plaisir !
Hop, je bookmarke direct.
Merci Phil !
PS : Quelle fille, cette Stéphanie Factory Girl !
Merci pour ce retour d'expérience. Ce n'est jamais simple de faire comprendre son métier à un client. Ils crient souvent que c'est simple et que nous sommes trop cher…
J'aime bien ta manière décrire c'est fluide et agréable à lire.
Bonne continuation,
Pierre
Merci Pierre, bien sympathique ton petit commentaire !
Savoir abandonner est une des choses les plus difficiles qui soit.
Regardez Nixon avant l'annonce officielle de sa démission.
Il est parfaitement soulagé d'avoir enfin abandonné.
Sur le "Mais en fait, dites-moi plutôt ce qu'il faut que je fasse, et je m'en charge", tu aurais pu lui coller une formation, quand même, tu n'aurais pas tout perdu 😉
Malheureusement, ce genre de client est assez courant et il faut prendre conscience qu'il faut toujours se protéger avec une facture rapidement.
Quelle horreur ces clients… Exact le mieux à faire est de fuir au plus vite, comment travailler avec des gens comme ça et faire quelque chose de bien?? C'est presque inconcevable !
@Tous : Merci pour vos commentaires !
@LaurentB : Oui, effectivement, je me sens beaucoup mieux maintenant !
PS : Heu… pas de vouvoiement, please, je vieillis d'un coup, là…
@Laurent : J'ai bien essayé, tu penses…
Mais déjà qu'il commençait à m'appeler "ma p'tite chérie", j'ai eu peur qu'il propose un règlement en nature !
@Panneaux photovoltaïques : Ben oui, j'ai merdé, j'ai merdé…
Mais au moins, ça m'aura servi de leçon : je ne procède plus de la même façon maintenant !
@Maximilien : C'est sûr… le pire c'est que si j'ai eu maintes fois l'occasion de me remettre en question sur ce coup-là, lui n'a jamais douté de lui une seconde !
Navrant.
@Emmanuelle : j'ai aussi du mal avec le vouvoiement, mais en fait je m'adressais à la rédactrice et ses lecteurs 😉
Si tu as apprécié la vidéo Nixon, je la mentionne dans ma présentation TEDx
La fin de ton histoire me rappelle le coup du dessin de l'araignée par David Thorne http://www.27bslash6.com/overdue.html
@LaurentB : Nice, l’araignée !
La fille Jane semble rester d'un calme olympien tout du long, respect !
Pour ta présentation… heu, hum… en fait, je l'avais déjà vue (du coup, la référence à Nixon aussi), mais j'osais pas le dire pour ne pas faire ma grosse fan absolue.
Mais bon, ayé, grillée.
Si tu postes un seul commentaire supplémentaire par ici, je vais défaillir c'est sûr !
lol si j'avais su que tout le monde allait la zieuter, je me serais appliqué 😀
Il parait que les trolls de David Thorne sont des fakes, mais peu importe car c'est rigolo.
Ahahah énorme cette histoire. Tu veux un conseil ? Fuis les gens qui ont des idées révolutionnaires, ça fini très (trop) souvent comme ça. A chaque fois ce sont des gens sans budget qui se croient au dessus des autres.
Commence par demander quelle est le montant global qu'il veulent mettre dans le site, communication y compris, s'ils sont décontenancé par cette question alors le projet n'est pas viable.
@LaurentB : excellent l'histoire de l'araignée !
Tu m'as tué avec le "il commençait à m'appeler "ma p'tite chérie", j'ai eu peur qu'il propose un règlement en nature !". 😉
Je suis explosé de rire. Je vient de découvrir que c'est encore plus dure pour les filles le monde du SEO. 😉
Pierre
P.S.: dommage qu'il n'y ai pas de lien de désinscription dans les mails de suivi des commentaires.
@LaurentB : Désolée pour le délai de réponse, mais j'avais défailli.
Donc, tu essayes de nous faire croire que tu ne l'avais pas préparé ?
Tu nous prendrais pour des jambons ?
@Vincent : A propos de jambon justement…
Oui, c'est un peu ce que Stéphanie Factory Girl m'a suggéré également. Et pour l'instant, j'applique à la lettre (retours mitigés à ce jour) !
@Pierre : Ben oui, comme dans beaucoup de métiers mixtes je pense…
PS : Pour le suivi, cette fonctionnalité sera normalement implémentée à la prochaine montée de version.
En attendant, dis-moi (par mail par exemple), et je te désinscrits, ok ?
Retours mitigés comment ?
@SEO Factory Girl : Hello la miss !
Mitigé était peut-être mal choisi comme terme puisqu'au final, il me semble que les prospects sont plus motivés et plus sérieux du coup (et ça c'est une très bonne nouvelle !)…
Mais après, je me retrouve parfois un peu dans le rôle de la marchande de tapis… et j'ai vraiment pas l'habitude (ça viendra peut-être) !
Mais bon, je n'ai pas encore suffisamment de recul pour généraliser, donc si j'ai plus d'info, te dis ça !
A+
Je me rappelle au début comme c'était chiant de servir de cobaye pour ceux qui se demandent combien ça peut bien coûter. Il y a même eu une période où ma première question était : avez-vous un budget ? Si la réponse était négative, je coupais court à la discussion.
En fait, certains aiment ça, mais je n'ai pas envie d'évangéliser si le prospect n'est pas convaincu de l'intérêt.
L'espoir est permis car les gens sont toujours plus éduqués par rapport aux tenants et aboutissements du référencement. Cela permet de franchir des paliers intéressants.
Tu me l'avais déjà racontée, mais ça fait toujours un petit frisson dans le dos de relire ce type…
Héhé, on a tous / toutes nos anecdotes plus ou moins marantes.
Avec le recul je me demande s'il ne vaut pas mieux trouver une solution pour :
– être toujours le client de quelqu'un d'autre ;
– ou son propre client …
Je vous laisse méditer sur ces bonnes paroles 🙂
Malheureusement des gens qui ont un culot monstre et qui ne doutent de rien, il y en a des tonnes et de partout. Cette histoire fait sourir quand on la lit et qu'on n'y est pas mêllé, mais pour en avoir vécu quelques unes comme ça, je compatis sincèrement.
Ha les clients qui comprennent pas que le temps et les compétences c'est de l'argent et qu'on à que ça a leur vendre..
Perso j'applique de faire payer 1/3 lors de la signature du devis, le deuxième tiers lorsque le site est en ligne et le reste pour finir le référencement 🙂
J'en ai même un qui à essayer de gruger en disant au revoir pour le dernier tiers en se disant qu'il m'a bien eu.
J'ai bien rie en constatant un an aprés que son site possédait encore le balises meta index noindex,nofollow !!
@Montrezvous.net : et bel esprit, dis donc…
Ben quelque part il change les accés FTP+BDD et me dis qu'il ne va pas payer le reste pour du vent, que sont site est finit et lui convient.
Pour les balises elles y étaient car on référence pas un site pas finit j'ai juste ommis de lui préciser la quenelle, rien de plus..
@Montrezvous.net : et comme tout ça donne envie…
Bonne lecture pour tous les clients http://searchenginewatch.com/article/2322361/15-Ways-Clients-Can-Build-a-Better-Relationship-With-Their-SEO-Provider